Discussions de fond de cendrier
Hier je suis allé boire de la bière chez un ami. Plutôt que Pierre, Paul ou Jacques, appelons le Cannibal Holocaust. C'est plus sympa. Donc, Cannibal Holocaust m'attendait avec un pack de 24 1664, ce qui était bien sympa de sa part. Le déroulement de la soirée fut donc le suivant : on ouvre une bière, on la boit, on fume une clope, puis on ouvre une autre bière, etc . Le tout ponctué par de fréquentes séances de pissou à grand jet.
Evidemment, dans l'intervalle, on parle. Ce qui est bien cool. On parle de quoi ? De Mc Tierman qui est un réalisateur surestimé selon moi (Cannibal Holocaust : "Arrête tes conneries !"). De l'inutilité foncière du cinéma français. De l'opportunité de prévoir une grande murge à plein de personnes quand il fera vraiment beau (en mai, disons). De la vie, de la mort, et de la difficulté à changer la roue arrière d'un vélo crevé.
Mais ce dont on parle surtout, c'est des femmes. Comme si on en avait connu des centaines, une armée de chiennes lubriques qu'on aurait laissées pantelantes sur le lit. Mais après tout ce n'est pas grave. Un tas de tocards parlent de tout et n'importe quoi dans les media, et sur le fond, ils n'y connaissent rien non plus. Et il sont payés de surcroît. Alors pourquoi se gêner ?
Donc, les femmes. Beau sujet de conversation. Qui fait ressembler la
soirée à un film de Depleschin, à notre grande honte si la bibine
n'avait passé notre esprit critique à la crême de jour. Et donc, on
s'aperçoit en causant que toutes les conneries selon lesquelles les
zoms et les fams ne se comprennent/connaissent pas, eh bien, ce sont
des conneries justement. En fait, les fams et les zoms, c'est du pareil
au même. Du point de vue cognitif, veux-je dire. La grosse différence,
c'est que les femmes croient à la prophétie auto-réalisatrice. A savoir
qu'elle a beau savoir que le ringard qui la drague ne veut que la
sauter, elle s'imagine qu'en pensant très fort le contraire, eh bien,
il va :
a) devenir le père de ses futurs enfants
b) s'avérer être un type vachement brillant
Imaginez : se faire tomber un marteau sur le pied, ça fait vachement mal. la prophetie auto-réalisatrice consiste à penser très fort que ce sera indolore et que ça va suffire pour ne pas avoir mal. L'ennui c'est que ça fait vachement mal, malgré tout.
Bref, tous les mecs présents à la scène de drague savent que le mickey qui sort les rames comme un fou ne veut que temper son biscuit. Et le pire c'est qu'il n'y a pas que la proie qui croit le contraire. Les autres filles aussi, souvent. Alors qu'elle savent - intellectuellement - ce qu'il en est.
Pauvre France ! Et donc Cannibal Holocaust et moi, on brodait sur le sujet en sifflant gaiement le jus de houblon avec des bulles. Sans devenir misogyne pour autant. Non plutôt, avec une certaine tristesse pour cet auto-aveuglement. Et une tendance à multiplier les expériences pour étayer notre théorie.